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lundi 19 novembre 2012

Paris ? Paris !


Loin des yeux, loin du cœur. Paris adorée, jamais  cette affirmation ne s’appliquera à ton cas. A défaut de couler dans mes veines, c’est dans mon esprit, mon corps et mon cœur que tu vis.

Pauvre expatriée que je suis désormais, il m’est impossible de t’oublier. Plus qu’une simple origine, tu fais de tes habitants de vraies starlettes dans le monde entier. Un simple « Where are you from ? » se transforme en gémissements émoustillés : « PARIS ! Paris Paris ? » Pas bêtes, ces derniers ont bien compris qu’un certain nombre d’individus issus de la très grande région parisienne avaient tendance à légèrement tricher sur leur lieu d’habitat.

Pour nous, qui sommes nés dans ton fort, y avons grandi, trainé, zoné, glandé, galéré. Pour ceux, qui en connaissent tous les recoins. Qui ont fait de tes rues leur quotidien, et de tes transports leur enfer. Pour nous tous, tu es aussi bien notre icône que notre cauchemar.

La vérité est que ta popularité est proportionnelle à la détestation que les gens nous portent. Je t’ai toujours défendu, sache-le, quand on t’accusait d’être agressive ou de manquer d’hospitalité. « Des clichés », je répondais, sûre de moi. Je vantais ta douceur, ta culture, ton style et ton éclectisme. Aux insultes et autres moqueries nous devrions acquiescer bêtement ? Non ! Je le portais en principe, côte à côte nous nous défendrons face à la jalousie de ceux qui par complexe d’infériorité se permettait de te trouver tous les maux. J’étais enfin devenue la parisienne haïe du reste de la France !

Seulement, loin des regards de tes pourfendeurs, dans le cercle fermé des Parisiens, nous l’avouons : tu es loin d’être l’endroit parfait. Il n’y a bien plus que dans l’imaginaire des Chinois que tu restes la ville idyllique des cartes postales (et dans les films de Woody Allen).

Ton problème, ma chère c’est que tu es une indétrônable coincée. Loin de l’extravagance et de l’ouverture d’esprit de tes semblables anglophones, tu juges, tu médises, tu insultes. Aussi féminine que tu sois, tu transformes en prises de tête quotidiennes la vie de tes habitantes. Pas question de sortir en mini-jupe ou en shorty, sous peine de recevoir surnoms et autres quolibets. La vérité ma jolie, c’est que ce défaut me fera un jour te quitter définitivement. Malgré tout l’amour que je te porte, rien ne vaut la liberté d’être une biatch en toute tranquillité.

Pourtant, je le sais, c’est dans ce grand bordel parisien que je suis chez moi. Loin, j’en reviens presque à regretter l’odeur d’urine de la ligne 13 ou le rappeur roumain unijambiste et borgne de la ligne 2. Le bruit, ta folie et ton insolence me manquent. Quand on a goûté à ta cadence, tout nous paraît bien mou après… C’est vrai, je l’aime aussi ton côté mauvais garçon, mais c’est ce qui me fera te quitter. L’héroïne ne se marie jamais avec le bad boy c’est bien connu.

Sache, que là ou je suis, je prends le bus seule, la nuit, sans peur et je peux jouer sans risque à Tétris sur mon Iphone dans le métro. Je n’ai pas besoin, non plus, d’hypothéquer ma maison pour prendre un verre en boîte de nuit ou bien de présenter cinq lettres de recommandation pour louer un appartement. Je m’aperçois, de plus en plus, que je suis fatiguée de ton irrespect, de tes regards malsains, de ton incivilité.

Alors, voilà, je doute. Comme Sofiane avec Nabila, je suis dingue de toi. Ce n’est pas ton boule qui me fera revenir, mais presque. Parce que nulle part ailleurs, je ne retrouve pareille beauté. Surtout, parce que je n’ai jamais autant cru au fait qu’on pouvait, à ce point, appartenir à un endroit.

Lettre d’amour ou de rupture ? J’ai encore le temps d’y réfléchir. Mais sache que comme toutes les histoires d’amour, tu as une date de péremption et que tu pourrais perdre à n’importe quel moment l’un de tes plus fidèles soldats.

Abernathy Kiddo

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